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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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En 2017, changeons la politique !

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mardi 1 avril 2014

Municipales :à Nanterre la gauche s'en tire bien. 4. Que sont devenus les électeurs de 2012 ?

Quartier du Parc sud : Nanterre pour tous a la majorité absolue dès le premier tour,
bien que moins de la moitié de l'électorat de gauche de 2012 soit venu voter. L'abstention
massive exprime le rejet de la politique gouvernementale, c'est aussi le symptôme d'une crise
profonde de la politique et de la démocratie.

Avec 53,85 % des suffrages exprimés, la liste Nanterre pour tous (GC, PCF – membre du Front de gauche, PS, EELV, RMC, PRG, et quelques citoyens encartés nulle part) l’a emporté au premier tour, malgré un taux d’abstention record (50,96%). Un résultat comparable aux victoires des listes d’union conduites par les maires communistes dans les Hauts-de-Seine : Malakoff (68 %), Bagneux et Gennevilliers (61 %). Un résultat qui contraste avec la débâcle dans les villes du département où les socialistes étaient dominants : Clamart dès le premier tour, Fontenay, Asnières, Colombes au second, sont emportées par la « vague bleue ». Seul, le maire socialiste de Clichy sauve son siège, de justesse : 32,67 % des suffrages exprimés au deuxième tour, face à une droite divisée (UMP : 31,12 % ; UDI : 24,75 %) et à une liste EELV (11,44%).

Heureusement, il y a le Front de gauche !

Bien sûr, un bon bilan de l’équipe sortante, un héritage du « communisme municipal » enrichi et modernisé, un programme mis en débat avec des habitants, dans tous les quartiers…cela explique largement la victoire. Mais d’autres municipalités de gauche avaient un bilan et un programme aussi honorables, ce qui n’a pas suffi à empêcher la défaite. L’élection ne s’est pas jouée en effet sur les enjeux strictement locaux. C’est en premier lieu le désaveu de la politique gouvernementale, la colère et le désarroi de l’électorat populaire de gauche, qui a provoqué son abstention massive, dont ont profité l’UMP, l’UDI et le FN.
Pour comprendre pourquoi Nanterre a résisté, il paraît donc utile d’analyser aussi le rapport des forces politiques dans la ville depuis les élections de 2012. Au premier tour de la présidentielle, les 6166 voix Front de Gauche pesaient 46,22 % par rapport aux 13 340  voix du PS. Aux législatives, les voix Front de gauche représentaient presque le double (180 %) des voix PS, 60% du total des scores de tous les candidats de gauche. Un rapport de force à gauche qui était déjà annoncé par le résultat des élections cantonales de 2011. C’est sans doute un élément essentiel d’explication : aussi légitime et forte que soit la colère contre une politique nationale qui s’inscrit dans la continuité de celle de la droite, ni la députée, ni les conseillers généraux, ni la conseillère régionale, ni le maire de Nanterre, ni la majorité des élus municipaux n’en ont été tenus pour responsables, leurs discours et leurs actions s’inscrivant en opposition à la politique d’austérité gouvernementale. Défendre une ville populaire et solidaire, tous ses habitants, bouger et moderniser sans exclure personne, appeler à la mobilisation citoyenne pour y parvenir, est, de ce fait, crédible et dynamisant.

La droite, beaucoup plus faible que la gauche à Nanterre,  s’est  mobilisée beaucoup plus.

Toutefois, cela ne veut pas dire que la crise de la politique épargnerait Nanterre, que la montée de l’abstention ou la réapparition de la droite la plus réactionnaire, dans tous les quartiers, deux ans seulement après le vote anti - sarkozy, seraient des phénomènes qu’on pourrait négliger dans l’euphorie d’avoir gagné. L’analyse des évolutions électorales depuis 2012 n’est pas inutile pour mesurer l’ampleur de l’action politique de proximité, notamment communiste, qui est nécessaire. Il serait évidemment stupide de comparer les résultats des présidentielle, législative et municipale, élections aux enjeux différents. Mais il n’en est pas moins intéressant de mesurer la mobilisation des différents électorats, d’élection en élection, et les différences entre des quartiers de la ville.
La liste Nanterre pour tous réalise 56,6 % du total des voix des candidats PS, FdG, EELV à la présidentielle, et 76 % du total des voix des candidats FdG, PS, EELV, PRG à la législative. Un calcul qui n’a pas de signification en soi, puisque les taux de participation électorale sont différents : 76,45% à la présidentielle ; 52,54 % à la législative ; 49, 04 % à la municipale. Il ne peut avoir de signification que par comparaison avec les autres candidats, avec d’autres villes, entre bureaux de vote.
L’UMP Bedin fait à peine mieux que  Sarkozy à la présidentielle  (101,4 de ses voix), et réalise une fois et demi (150,5 %) les voix de l’UMP à la législative. L’électorat de droite s’est beaucoup mieux mobilisé que celui de gauche, mais sa progression par rapport à la législative de 2012 n’a rien d’une vague bleue, car  le score de l’UMP était faible à Nanterre. Toutefois, même grossi par l’abstention, son score de 27,36 % des exprimés, entre 14% et 42 % dans les quartiers, installe Camille Bedin dans le paysage politique nanterrien.
Le MODEM Creuzet fait un peu mieux que Bayrou à la présidentielle (104,8 % de ses voix). S’il quadruple les voix d’un candidat centriste à la législative, qui avait fait moins de 3 %, ce n’est guère significatif. Mais une partie de l’électorat centriste (très hétéroclite) a retrouvé son candidat traditionnel, le temps des municipales.
LO double ses 180 voix des présidentielles, le NPA y parvient presque (177% des 334 voix de Poutou). Le cas du POI est atypique : c’est en s’alliant avec des élus sortants de la majorité municipale et des militants du PG en congé de parti sur une liste « Union pour la résistance à Nanterre » qu’il multiplie par 9 son score de 49 voix aux législatives. A noter que ces listes, qui se réclament d’une opposition de gauche à la politique gouvernemental ainsi qu’à la majorité municipale, totalisent à elle trois 1352 voix (6,5 % des suffrages exprimés)
Le FN était absent à Nanterre. Ses 3546 électeurs (10,69 % des exprimés) à la présidentielle, ses 2232 électeurs (9,72 %)  à la législative ont-ils voté, et pour qui ?

Quelques éléments de comparaison
A Suresnes, le FN obtient 1562 voix (82,29 % de ses voix à la présidentielles, et 113, 71 % par rapport à la législative). Pas vraiment une vague bleu-marine, mais le taux d’abstention (42,62 %) lui permet d’obtenir 2 élus. Réélu au premier tour, l’UMP Dupuy, malgré une liste de droite dissidente qui obtient 563 voix, réalise 107,49 % des voix de Sarkozy, qui était majoritaire à la présidentielle dans la ville. La liste d’union conduite par le PS réalise 52,25 % des voix PS, FdG, EELV à la présidentielle.
A Colombes, passée à droite au deuxième tour, la liste d’union conduite par le maire socialiste avait réalisé au premier tour 44 % des voix PS, FdG, EELV à la présidentielle. Une liste d’opposition de gauche avait obtenu 809 voix.

Quartier du Parc sud : abstention massive à gauche,
la droite cherche à y faire un nid

Le bureau 34 (Robespierre) était  habituellement le plus proche de la moyenne de la ville. Le taux de participation n’a été que de 46,23 % (47,89 % à la législative, 78,26 % à la présidentielle).
Nanterre pour tous (213 voix ; 54,76 % des exprimés) ne réalise que 44,28 % du total des voix PS, FdG, EELV à la présidentielle, et 68,93 % des voix FdG, PS, EELV, PRG aux législatives. L’UMP (90 voix, 23,14 %) réalise 130, 43 % des voix Sarkozy et triple presque ses voix aux législatives. Le MODEM (54 voix, 13,8 %), réalise 163,6 % des voix de Bayrou à la présidentielle. Le NPA obtient 12 voix (8 à la présidentielle, 0 à la législative), LO : 11 voix (7 à la présidentielle), UPRN : 9 voix.

Le bureau 35 (Decour) a été le plus abstentionniste de la ville (35,54 % de votants ; 43,39 % à la législative ; 72,39 % à la présidentielle).
Nanterre pour tous, avec 204 voix (60,71 des exprimés) ne réalise que 40,8 % par rapport aux présidentielles, et 65,17 % par rapport aux législatives.
L’UMP (65 voix ; 19,36 %) fait 74,47 % des voix de Sarkozy, et 147,7 % des voix UMP aux législatives.
Le MODEM (36 voix ; 10,71 %) triple presque les voix de Bayrou.
Le NPA recueille  13 voix : une de plus qu’à la présidentielle, et LO avec 12 voix en gagne 3. UPRN a 6 voix (aucune voix POI ni NPA à la législative)

Le bureau 44 (Picasso) (votants : 44,31% ; 49,17% à la législative ; 78,15 à la présidentielle) est le bureau du Parc sud où l’UMP fait un de ses plus forts scores (22,28 %, 84 voix) : 152,72 % des voix de Sarkozy, et 262,5 % des voix UMP à la législative.
Nanterre pour tous (194 voix ; 51,46 %) ne fait que 38,44 % par rapport à la présidentielle, et 58,78% par rapport aux législatives.
Le MODEM (55 voix ; 14,59 %) réalise 148, 64 % des voix de Bayrou à la présidentielle.
Le NPA a 15 voix (3 à la législative), LO : 5 (2 à la présidentielle) ; UPRN : 24 voix (aucune voix POI à la législative)
Le bureau 46 (Gorki) (37,41% de votants ; 43,44% à la législative ; 74,16 % à la présidentielle) est celui du Parc sud où Nanterre pour tous fait son meilleur score (64,24%, 221 voix), réalisant 44,46 % par rapport à la présidentielle ; 63,68 % par rapport à la législative.
L’UMP (66 voix ; 19,19 %) : 108,1 % des voix de Sarkozy ; 165 % par rapport aux législatives.
Le MODEM (34 voix ; 9,88 %) : 68 % des voix Bayrou à la présidentielle.
NPA : 11 voix (9 à la présidentielle, 0 à la législative) ; LO : 5 voix (7 à la législative) ; UPRN : 7 voix (1 voix POI à la législative)



La comparaison avec des bureaux d’autres quartiers de la ville est révélatrice 


Le bureau 21 (France Bloch) a le taux de participation le plus fort : 63,85 % (législative : 66,09 % ; présidentielle : 81,72 %)
Nanterre pour tous (239 voix ; 50,10 %) réalise 72,64 % par rapport à la présidentielle ; 77,34 % par rapport à la législative.
L’UMP (142 voix ; 29,77 %) réalise 92,2 % des voix Sarkozy ; 117,3 % par rapport à la législative.
Le MODEM (70 voix ; 14,68 %) réalise 175 % des voix Bayrou.
NPA : 9 voix (+ 1 par rapport à la présidentielle, +8 par rapport à la législative) ; LO : 6 (+2 par rapport à la présidentielle) ; UPRN : 11 (1 voix POI à la législative)

Le bureau 31 (Romain Rolland) est celui où la droite fait son score le plus élevé (le bureau 14, où votent les militaires de la caserne dite de la Garde républicaine n’est pas pris en compte ici)
57,70 % de votants (60,77 à la législative ; 80,62 % à la présidentielle)
Nanterre pour tous (206 voix ; 36,98 %) réalise 62,04 % des voix par rapport à la présidentielle ; 73,57 % par rapport à la législative.
UMP (234 voix ; 42,01 %) : 95,5 % des voix Sarkozy ; 125,8 % par rapport à législative.
MODEM (99 voix ; 17,77 %) : 123 % des voix Bayrou.
NPA : 10 voix (8 à la présidentielle, 1 à la législative) ; LO : 0 (2 à la présidentielle) ; UPRN : 8 voix (0 POI à la présidentielle)

Dans ces bureaux, l’abstention de l’électorat de gauche est moins forte, et l’UMP, contrairement aux bureaux populaires du quartier du Parc sud, ne retrouve par le nombre de voix de Sarkozy à la présidentielle.
 

Dans le quartier populaire du Parc Sud, où Hollande avait eu des scores de 70% au deuxième tour des présidentielles, l’abstention est massive, jusqu’à 14 points plus forte que la moyenne de la ville. Bien que les scores Nanterre pour tous en pourcentage des exprimés soient rassurants, donnant l’impression d’une marge de sécurité suffisante pour les élus, l’abstention massive est le symptôme d’une très profonde crise de la politique et de la démocratie.
Si la progression de la droite en pourcentage des exprimés est pour une part un effet de l’abstention, l’UMP commence à regagner cependant des voix. Le MODEM, après une éclipse aux législatives, retrouve lui aussi un petit électorat populaire sur la base d’un populisme soft. Deux ans après le rejet massif du sarkozysme, c’est cependant l’UMP qui apparait à l’offensive. L’absence du FN, pour le moment, n’empêche pas l’idéologie de la droite extrême d’avoir une certaine audience, sur les thèmes de l’assistanat, du trop de logement social, de la défiance vis à vis de l’école publique...L’UMP s’adapte au terrain, évitant toute stigmatisation « ethnique », cherchant des connivences avec des intégrismes religieux.



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