Très riche débat lundi 7 juillet à Nanterre,
avec Eric Fassin, qui a fait une brillante présentation du livre, Roms & riverains,
dont il est coauteur. Une motion a été votée par la quasi-totalité des
participants - photo à l'appui, nous y tenons - pour demander que l'accès à l'eau potable, un ramassage
régulier des déchets, l’installation de sanitaires, entre autres droits élémentaires
de la personne humaine, soit enfin assurés, après deux mois de démarches à la
mairie du comité de soutien des familles, dont de nombreux enfants, du
bidonville.
L’action du comité de soutien a
permis la vaccination et la scolarisation de plusieurs de ces enfants. Près de
700 citoyens ont déjà signé la pétition
contre une expulsion sans solution. Mais être voisins hospitalier, solidaires
et fraternels, c’est moins médiatisé et digne d’écoute que d’être « riverains »,
parfois éloignés, toujours hostiles et
coléreux.
La nécessité de participer à un réseau d'information et de lutte, au
niveau de la région parisienne, face à une situation qui engage la
responsabilité de l'Etat, après des années de destruction de
"campements" sans solution d'hébergement ni réponse à la détresse
sociale, est venue très fort. Je suis intervenu en ce sens en tant que militant
du MRAP. Un représentant du collectif de solidarité avec les Roumains et les
Roms de l’Essonne, comme d’autres, de l’ASSAV et de Rom-Europe, ont ouvert des pistes.
La décision du tribunal est attendue dès jeudi 10 juillet,
quant à l'expulsion demandée par l'EPADESA. Le jugement de Bobigny,
qui privilégie les droits de la personne humaine et le devoir d’assistance face
à la détresse sociale, par rapport au droit de propriété, encourage ceux qui résistent à « la politique de la race » (1).
Mais d’autres expulsions, comme celle programmée à Grigny, montrent
que la cause n’est pas gagnée…D’autant que le gouvernement s’obstine à
poursuivre la « chasse aux Roms » lancée par Sarkozy, et semble
vouloir se
débarrasser de la circulaire interministérielle du 26 août 2012, dont des
dispositions peuvent servir de point d’appui aux actions solidaires avec les
familles des bidonvilles. La préparation du débat parlementaire sur la loi
CESEDA fait apparaître d’ailleurs une tentative d’introduire discrètement une
restriction à la liberté de circulation de citoyens de pays de la communauté
européenne, en cas d’ « abus » de cette liberté.
(1) Pour parodier Montesquieu dans
son célèbre texte : « Si j’avais
à justifier le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves…. »,
il est en effet impossible de croire que les Roms soient des citoyens d’Europe,
ni même des êtres humains : sinon, à les traiter de la sorte, nous ne serions nous-mêmes ni citoyens, ni
humains. C’est précisément ce qu’ Eric Fassin , et les autres co-auteurs de Roms & riverains, appellent la « politique
de la race », inavouée, camouflée en
bonne gestion des territoires, confiée aux collectivités locales.
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