FN : un « vote de classe » dévoyé
?
50 voix (20,92 % des exprimés) au bureau 46 et 44 voix
(17,74 % des exprimés) se sont portées sur la liste Bleu Marine, arrivée en
deuxième position, derrière la liste PS, à l’école Gorki. Au Parc sud, son
score de 25 % au réfectoire Jacques Decour est parmi les plus hauts de
Nanterre, suivi des 23,38 % de Robespierre des 20,43 % de Picasso, des 19,91 %
et 18,34 % de Jacques Decour A et B. Les bureaux du Parc nord sont à 9 ou
10 points en dessous : 16,36 % à Pablo Neruda préau ; 11,14 % à Pablo Neruda réfectoire ;
10,20 % à Elsa Triolet ; 8,76 % salle Le Corbusier. Le taux de
participation plus haut de 20 points dans la partie nord du quartier, par
rapport à la partie sud, correspond aussi à score Le Pen plus faible que la
moyenne de la ville. Les bureaux de la ville où le FN fait ses plus forts
scores sont Jules Ferry Maternelle (29,88 %), Balzac Maternelle (25,81 %),
Balzac Primaire (25,6 %), salle Anatole France (24,3 %), Hôtel de ville 1
(24,02 %). (1)
A Nanterre il totalise 2578 voix, soit 16,21 des suffrages
exprimés, gagnant 1879 voix (et 11,7 %) par rapport à l’élection européenne de
2009. Dans le département, le score du FN est plus élevé qu’à Nanterre dans
trois villes : Villeneuve la Garenne, seule ville du 92 où le FN, avec 764
voix (24,61 %) arrive en tête devant l’UMP ; Gennevilliers (1017
voix ; 16,95 %) ; Le Plessis (1496 voix ; 16,33 %).
Si la poussée du FN est partiellement contenue dans les
Hauts-de-Seine par le score de l’UMP, il n’en réalise pas moins 53 497
voix (12,23 % des exprimés), soit une progression de 39 575 voix (et de
8,85 %) par rapport à 2009. En Ile-de France, obtenant 510 697 voix et 17,
31 %, il progresse de 378479 voix et de 12,91 %. Sur le plan national, avec
4 711 339 voix (24,95 %), il obtient 3 619 658 voix de plus
qu’en 2009, et + 18,61 %. Il arrive en tête dans quatre
circonscriptions : Nord-Ouest (33,61 %), Est (28,96 %) , Sud-Est (28,18 %)
, Sud-Ouest (24,71 %), Massif central-Centre (24,18 %)
Comme l’indiquent les instituts de sondage, les couches
populaires et modestes de la société ont exprimé leur désaveu des politiques de
misère sociale menées par la droite et par le PS au gouvernement, leur
défiance, voire leur hostilité aux actuelles institutions nationales et
européennes, en abstenant massivement,
et pour une partie d’entre eux, en votant pour un FN présenté à longueur de
médias comme « antisystème » , défenseur des Français contre le reste
du monde, et futur « premier parti de France ». Pas besoin
d’implantation locale ni de campagne de terrain : la télé, les reculs
successifs du gouvernement et du président de la République face aux
réactionnaires de tous poils et au MEDEF, les scandales financiers qui ravagent
l’UMP et alimentent le « tous pourris », la banalisation du discours
raciste, notamment dans ses versions anti-roms et islamophobes, … ont ouvert un
boulevard à l’extrême droite. Le plus préoccupant est que seulement 49 % des
électeurs en soient mécontents, selon IPSOS, et que 27 % en éprouveraient de la
satisfaction, 24 % de l’indifférence.
Pour faire reculer le vote FN, la mobilisation de syndicats
et d’associations pour déconstruire l’imposture de son discours économique et
social, comme les actions pour déconstruire les préjugés racistes et
xénophobes, pour transmettre la mémoire des résistances aux fascismes du XX ème
siècle, sont bien sûr des plus utiles. Mais ce qui sera déterminant, d’ici la
présidentielle de 2017, c’est la capacité, ou pas, des forces de la gauche de
transformation sociale, en particulier celles qui constituent le Front de gauche,
à construire un projet alternatif, et, en lien avec les acteurs des luttes
sociales, un front pour le porter, qui soient
crédibles, rassembleurs, populaires et mobilisateurs.
(1)
Comme pour les autres listes, le vote
des résidents de la caserne dites de la Garde Républicaine (école Joinville),
soit 49 % des exprimés pour le FN, n’est pas pris en compte ici pour l’analyse
des rapports de force électoraux dans la ville.
UMP, UDI-MODEM : des
échanges d’étiquettes qui brouillent les pistes
46 voix également partagées entre
les bureaux 46 (9,262 % des suffrages exprimés) et 47 (10,08 %) de l’école
Maxime Gorki pour l’UMP. 12 voix (5,02 %) au bureau 46 et 15 voix (6,05 %) pour
l’UDI/MODEM. Difficile de démêler le méli-mélo, si on veut comparer avec 2009,
puisque dans ce temps-là, l’UDI était pacsé avec l’UMP. Et si Bayrou a navré
son camp en déclarant sa flamme pour Hollande au deuxième tour de la
présidentielle en 2012, ce n’était sûrement pas pour que le PS retrouve ses
références de gauche. D’ailleurs, le ni droite ni gauche des rose-bonbon de la liste MODEM-UDI à l’élection municipale,
qui a peut-être pu en berner quelques-uns, alors que les bleus UMP-UDI
affichaient clairement la couleur, il y
a peu de chance que les seniors qui, selon les instituts de sondage,
constituent l’essentiel de l’électorat de l'UDI-MODEM du 25 mai, aient voulu un
virage à gauche du gouvernement, ni une Europe fédérant les peuples mobilisés contre l’austérité.
Dans le quartier du Parc, côté
sud, l’UMP mobilise plus l’électorat de droite : 14,29 % à Robespierre,
pour seulement 3,46 % à l’UDI/MODEM ; 17,19 % à Jacques Decour A (2,71 % à
l’UDI/MODEM) ; 10,04 % à Jacques Decour B (6,55 % à l’UDI/MODEM) ;
8,51 % à Picasso (7,23 % à l’UDI/MODEM) ; 8,15 % à Jacques Decour
réfectoire (7,61 % à l’UDI/MODEM). La querelle de famille est moins nettement tranchée
au Parc nord : si l’UDI/UMP (12,18 %) est battu par l’UMP (14, 77 %) au
réfectoire Pablo Neruda, comme salle Le Corbusier ( 14,95 % UMP, 12,37 %
UDI/MODEM) , il prend une timide revanche au préau Pablo Neruda(10 %, pour 9,70
% à l’UMP), et fait fort à Elsa Triolet (17%, et 12,46 % pour l’UMP). Ce résultat
est probablement dû à une activité militante de proximité qui a permis à cette
branche de la famille de la droite de mobiliser des parents d’élèves à l’occasion
des « manif pour tous ». Toujours est-il que ce résultat de l’UDI/MODEM
est au-dessus de celui qu’il réalise dans certains bureaux du centre-ville
(15,35 % à la Maison des associations).
L’UMP fait des scores faibles
dans des quartiers populaires (4,55 % à Voltaire B ; 2,42 % à La Fontaine
B), mais mobilise un votant sur 5 à Romain Rolland (20,13 % à la salle de
quartier ; 20,35 % au bureau primaire et 19,95 % au bureau maternelle) ou au
bureau 23 de Jules Ferry (20,80 %). Avec 2242 voix (14,9 %), sa liste arrive en
3 ème position, devant le Front de gauche. Sa perte de 569 voix (-3,24 %) par
rapport à la liste UMP/UDI de 2009 est à relativiser, avec le gain de 271 voix
(+ 9,48 %) de l’UDI/MODEM.
L’évolution est à comparer avec
le score départemental, le meilleur de France pour l’UMP : 114 391 voix
(26, 16 %) pour l’UMP, soit une perte de 27 321 voix (-8,20 %) par rapport
à la liste UMP/UDI de 2009 : pour l’UDI/MODEM, 64 986 voix (14,86 %), soit un gain de 27 290
voix (+ 5,72 %) sur la liste MODEM de 2009. La défaite de la droite est importante
au niveau de l’Île de France : 640 988 voix (21,72 %) pour l’UMP,
soit une perte de 187 115 voix (et - 7,88 %) par rapport à la liste
UMP/UDI de 2009 ; 348 780 voix (11,82 %) pour l’UDI-MODEM, soit un
gain de 110 446 voix (et + 3,30 %)
par rapport à la liste MODEM en 2009. Elle est encore plus nette sur le plan
national : - 856 155 voix (et -7,07 %) pour l’UMP par rapport à la liste UMP/UDI de 2009, alors
que la liste UDI/MODEM ne réalise que 427 825 voix de plus (et + 1,48 %) que
la liste MODEM en 2009.
Recul ou stagnation des
« petites listes » à droite
Si la liste conduite par
Christine Boutin mérite d’être oubliée (140 voix soit 0,88 % à Nanterre),
Debout la France réalise 2,87 % des exprimés à Nanterre (456 voix) ; 3,17
% dans les Hauts-de-Seine ; 3,86 % en Île de France ; 3,9 % sur le
plan national, soit 723 956 électeurs de droite, séduits par le slogan « ni
système ni extrême » d’un notable, candidat obstiné à des élections où il
cherche à occuper un improbable créneau à mi-chemin entre la nostalgie de l’Etat
fort gaulliste et les slogans populistes d’une droite dure mâtinée d’un zest de
lepénisme.
Avec
les résultats de la droite et du FN je clos la série de billets « Le
séisme électoral vu des tours Aillaud ». J’ai tenté des éclairages sur
les résultats des élections 2014 à Nanterre, mis dans un contexte plus large,
comme je l’avais fait précédemment pour l’élection municipale. Je me garde d’en
tirer des conclusions définitives ou des pronostics . Mais je ne
cache pas mon inquiétude. L’élection au premier tour des municipales de la
liste Nanterre pour tous avait pu masquer localement, pour qui ne voulait pas
le voir, un rabougrissement préoccupant
de l’électorat de la gauche de transformation sociale, de la gauche radicale,
de la famille communiste, plus largement Front de gauche, après deux années de
politique social-libérale en rupture avec les attentes de l’électorat populaire
de Hollande en 2012. L’abstention massive et la montée de l’extrême droite, l’échec
électoral, local et national, du Front de gauche, mettent désormais en alerte toutes les forces
vives qui ne se résignent pas à la mise à mort de la gauche. Le temps est compté, prisonniers que nous
sommes du calendrier électoral voulu par une cinquième République à bout de
souffle. Analysant les municipales, j’écrivais que le pire est toujours
possible, par exemple un second tour Valls/Sarkozy en 2017, l’UMP s’étant pacsé
avec Jean-Marine Le Pen. Aujourd’hui, c’est même un second tour droite extrême/extrême
droite F.haineuse qui devient possible. Rallier la gauche sous prétexte de l’empêcher
à la politique actuelle du gouvernement
relève du délire. Il n’y a pas de raccourci possible, mais il y a urgence :
mettre nos forces en commun pour un nouveau départ du Front de gauche, pour
construire sans à priori ni sectarisme un rassemblement majoritaire pour une
alternative à gauche à la dictature du MEDEF et des socio-libéraux à son
service.
PS. J’avais calculé le
poids respectif des électorats à l’élection municipale de Nanterre par rapport
à ceux de la présidentielle de 2012, ce qui n’avait pas d’autre intérêt que d’évaluer la
mobilisation ou la démobilisation relative des électorats de chaque force en
présence. Voici ce que ça donne après les Européennes. Après tout, puisque
beaucoup de monde parle de séquence ouverte avec la victoire de Hollande à la
présidentielle, et qui se terminerait avec les Européennes, ce calcul n’est pas
plus stupide que d’autres. Pour rendre le jeu plus amusant, j’ai fait un
classement en fonction du rapport nombre d’électeurs aux européennes/ nombre d’électeurs
aux présidentielles, à Nanterre :
1.
EELV : 200 % (1699/847)
2.
LO : 130 % (235/180)
3.
Debout la France : 109 % (466/427)
4.
NPA : 78 % (261/334)
5.
FN : 73 % (2578/3546)
6.
MODEM : 65 % (1646/2509) mais c’est boosté
parce qu’il y a l’UDI avec lui pour les européennes
7.
UMP : 39 % (2242/5772)
8.
Front de gauche : 35 % (2154/6168)
9.
PS : 20% (2605/13340)
Moins on a eu de
voix à une élection, plus, avec ce classement, on a de chance d’être parmi les
premiers la prochaine fois, comme le montre l’exemple remarquable d’EELV. Et
inversement, comme le montre la dernière place du PS….
Sur ce, bonnes vacances à ceux qui le peuvent,
on a grand besoin de se refaire des forces, et pas seulement pour les
prochaines élections !
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