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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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Nanterre en colère

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En 2017, changeons la politique !

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samedi 12 juillet 2014

Le séisme électoral vu des Tours Aillaud :7. Dans la famille de la droite, Jean-Marine Le Pen rafle la mise


FN : un «  vote de classe » dévoyé ?
50 voix (20,92 % des exprimés) au bureau 46 et 44 voix (17,74 % des exprimés) se sont portées sur la liste Bleu Marine, arrivée en deuxième position, derrière la liste PS, à l’école Gorki. Au Parc sud, son score de 25 % au réfectoire Jacques Decour est parmi les plus hauts de Nanterre, suivi des 23,38 % de Robespierre des 20,43 % de Picasso, des 19,91 % et 18,34 % de Jacques Decour  A et B. Les bureaux du Parc nord sont à 9 ou 10 points en dessous : 16,36 % à Pablo Neruda préau ;  11,14 % à Pablo Neruda réfectoire ; 10,20 % à Elsa Triolet ; 8,76 % salle Le Corbusier. Le taux de participation plus haut de 20 points dans la partie nord du quartier, par rapport à la partie sud, correspond aussi à score Le Pen plus faible que la moyenne de la ville. Les bureaux de la ville où le FN fait ses plus forts scores sont Jules Ferry Maternelle (29,88 %), Balzac Maternelle (25,81 %), Balzac Primaire (25,6 %), salle Anatole France (24,3 %), Hôtel de ville 1 (24,02 %). (1)
A Nanterre il totalise 2578 voix, soit 16,21 des suffrages exprimés, gagnant 1879 voix (et 11,7 %) par rapport à l’élection européenne de 2009. Dans le département, le score du FN est plus élevé qu’à Nanterre dans trois villes : Villeneuve la Garenne, seule ville du 92 où le FN, avec 764 voix (24,61 %) arrive en tête devant l’UMP ; Gennevilliers (1017 voix ; 16,95 %) ; Le Plessis (1496 voix ; 16,33 %).
Si la poussée du FN est partiellement contenue dans les Hauts-de-Seine par le score de l’UMP, il n’en réalise pas moins 53 497 voix (12,23 % des exprimés), soit une progression de 39 575 voix (et de 8,85 %) par rapport à 2009. En Ile-de France, obtenant 510 697 voix et 17, 31 %, il progresse de 378479 voix et de 12,91 %. Sur le plan national, avec 4 711 339 voix (24,95 %), il obtient 3 619 658 voix de plus qu’en 2009, et + 18,61 %. Il arrive en tête dans quatre circonscriptions : Nord-Ouest (33,61 %), Est (28,96 %) , Sud-Est (28,18 %) , Sud-Ouest (24,71 %), Massif central-Centre (24,18 %)
Comme l’indiquent les instituts de sondage, les couches populaires et modestes de la société ont exprimé leur désaveu des politiques de misère sociale menées par la droite et par le PS au gouvernement, leur défiance, voire leur hostilité aux actuelles institutions nationales et européennes,  en abstenant massivement, et pour une partie d’entre eux, en votant pour un FN présenté à longueur de médias comme « antisystème » , défenseur des Français contre le reste du monde, et futur « premier parti de France ». Pas besoin d’implantation locale ni de campagne de terrain : la télé, les reculs successifs du gouvernement et du président de la République face aux réactionnaires de tous poils et au MEDEF, les scandales financiers qui ravagent l’UMP et alimentent le « tous pourris », la banalisation du discours raciste, notamment dans ses versions anti-roms et islamophobes, … ont ouvert un boulevard à l’extrême droite. Le plus préoccupant est que seulement 49 % des électeurs en soient mécontents, selon IPSOS, et que 27 % en éprouveraient de la satisfaction, 24 % de l’indifférence.
Pour faire reculer le vote FN, la mobilisation de syndicats et d’associations pour déconstruire l’imposture de son discours économique et social, comme les actions pour déconstruire les préjugés racistes et xénophobes, pour transmettre la mémoire des résistances aux fascismes du XX ème siècle, sont bien sûr des plus utiles. Mais ce qui sera déterminant, d’ici la présidentielle de 2017, c’est la capacité, ou pas, des forces de la gauche de transformation sociale, en particulier celles qui constituent le Front de gauche, à construire un projet alternatif, et, en lien avec les acteurs des luttes sociales, un front pour le porter, qui soient  crédibles, rassembleurs, populaires et mobilisateurs.
(1)     Comme pour les autres listes, le vote des résidents de la caserne dites de la Garde Républicaine (école Joinville), soit 49 % des exprimés pour le FN, n’est pas pris en compte ici pour l’analyse des rapports de force électoraux dans la ville.

UMP, UDI-MODEM : des échanges d’étiquettes qui brouillent les pistes

46 voix également partagées entre les bureaux 46 (9,262 % des suffrages exprimés) et 47 (10,08 %) de l’école Maxime Gorki pour l’UMP. 12 voix (5,02 %) au bureau 46 et 15 voix (6,05 %) pour l’UDI/MODEM. Difficile de démêler le méli-mélo, si on veut comparer avec 2009, puisque dans ce temps-là, l’UDI était pacsé avec l’UMP. Et si Bayrou a navré son camp en déclarant sa flamme pour Hollande au deuxième tour de la présidentielle en 2012, ce n’était sûrement pas pour que le PS retrouve ses références de gauche. D’ailleurs, le ni droite ni gauche des rose-bonbon de  la liste MODEM-UDI à l’élection municipale, qui a peut-être pu en berner quelques-uns, alors que les bleus UMP-UDI affichaient clairement la couleur,  il y a peu de chance que les seniors qui, selon les instituts de sondage, constituent l’essentiel de l’électorat de l'UDI-MODEM du 25 mai, aient voulu un virage à gauche du gouvernement, ni une Europe fédérant les  peuples mobilisés contre l’austérité.
Dans le quartier du Parc, côté sud, l’UMP mobilise plus l’électorat de droite : 14,29 % à Robespierre, pour seulement 3,46 % à l’UDI/MODEM ; 17,19 % à Jacques Decour A (2,71 % à l’UDI/MODEM) ; 10,04 % à Jacques Decour B (6,55 % à l’UDI/MODEM) ; 8,51 % à Picasso (7,23 % à l’UDI/MODEM) ; 8,15 % à Jacques Decour réfectoire (7,61 % à l’UDI/MODEM). La querelle de famille est moins nettement tranchée au Parc nord : si l’UDI/UMP (12,18 %) est battu par l’UMP (14, 77 %) au réfectoire Pablo Neruda, comme salle Le Corbusier ( 14,95 % UMP, 12,37 % UDI/MODEM) , il prend une timide revanche au préau Pablo Neruda(10 %, pour 9,70 % à l’UMP), et fait fort à Elsa Triolet (17%, et 12,46 % pour l’UMP). Ce résultat est probablement dû à une activité militante de proximité qui a permis à cette branche de la famille de la droite de mobiliser des parents d’élèves à l’occasion des « manif pour tous ». Toujours est-il que ce résultat de l’UDI/MODEM est au-dessus de celui qu’il réalise dans certains bureaux du centre-ville (15,35 % à la Maison des associations).
L’UMP fait des scores faibles dans des quartiers populaires (4,55 % à Voltaire B ; 2,42 % à La Fontaine B), mais mobilise un votant sur 5 à Romain Rolland (20,13 % à la salle de quartier ; 20,35 % au bureau primaire et 19,95 % au bureau maternelle) ou au bureau 23 de Jules Ferry (20,80 %). Avec 2242 voix (14,9 %), sa liste arrive en 3 ème position, devant le Front de gauche. Sa perte de 569 voix (-3,24 %) par rapport à la liste UMP/UDI de 2009 est à relativiser, avec le gain de 271 voix (+ 9,48 %) de l’UDI/MODEM.
L’évolution est à comparer avec le score départemental, le meilleur de France pour l’UMP : 114 391 voix (26, 16 %) pour l’UMP, soit une perte de 27 321 voix (-8,20 %) par rapport à la liste UMP/UDI de 2009 : pour l’UDI/MODEM,  64 986 voix (14,86 %), soit un gain de 27 290 voix (+ 5,72 %) sur la liste MODEM de 2009. La défaite de la droite est importante au niveau de l’Île de France : 640 988 voix (21,72 %) pour l’UMP, soit une perte de 187 115 voix (et - 7,88 %) par rapport à la liste UMP/UDI de 2009 ; 348 780 voix (11,82 %) pour l’UDI-MODEM, soit un gain de 110 446 voix (et  + 3,30 %) par rapport à la liste MODEM en 2009. Elle est encore plus nette sur le plan national : - 856 155 voix (et -7,07 %) pour l’UMP  par rapport à la liste UMP/UDI de 2009, alors que la liste UDI/MODEM ne réalise que 427 825 voix de plus (et + 1,48 %) que la liste MODEM en 2009.
Recul ou stagnation des « petites listes » à droite
Si la liste conduite par Christine Boutin mérite d’être oubliée (140 voix soit 0,88 % à Nanterre), Debout la France réalise 2,87 % des exprimés à Nanterre (456 voix) ; 3,17 % dans les Hauts-de-Seine ; 3,86 % en Île de France ; 3,9 % sur le plan national, soit 723 956 électeurs de droite, séduits par le slogan « ni système ni extrême » d’un notable, candidat obstiné à des élections où il cherche à occuper un improbable créneau à mi-chemin entre la nostalgie de l’Etat fort gaulliste et les slogans populistes d’une droite dure mâtinée d’un zest de lepénisme.

Avec les résultats de la droite et du FN je clos la série de billets « Le séisme électoral vu des tours Aillaud ». J’ai tenté des éclairages sur les résultats des élections 2014 à Nanterre, mis dans un contexte plus large, comme je l’avais fait précédemment pour l’élection municipale. Je me garde d’en tirer des conclusions définitives ou des pronostics . Mais je ne cache pas mon inquiétude. L’élection au premier tour des municipales de la liste Nanterre pour tous avait pu masquer localement, pour qui ne voulait pas le voir,  un rabougrissement préoccupant de l’électorat de la gauche de transformation sociale, de la gauche radicale, de la famille communiste, plus largement Front de gauche, après deux années de politique social-libérale en rupture avec les attentes de l’électorat populaire de Hollande en 2012. L’abstention massive et la montée de l’extrême droite, l’échec électoral, local et national, du Front de gauche,  mettent désormais en alerte toutes les forces vives qui ne se résignent pas à la mise à mort de la gauche.  Le temps est compté, prisonniers que nous sommes du calendrier électoral voulu par une cinquième République à bout de souffle. Analysant les municipales, j’écrivais que le pire est toujours possible, par exemple un second tour Valls/Sarkozy en 2017, l’UMP s’étant pacsé avec Jean-Marine Le Pen. Aujourd’hui, c’est même un second tour droite extrême/extrême droite F.haineuse qui devient possible. Rallier la gauche sous prétexte de l’empêcher à la politique  actuelle du gouvernement relève du délire. Il n’y a pas de raccourci possible, mais il y a urgence : mettre nos forces en commun pour un nouveau départ du Front de gauche, pour construire sans à priori ni sectarisme un rassemblement majoritaire pour une alternative à gauche à la dictature du MEDEF et des socio-libéraux à son service.

 PS. J’avais calculé le poids respectif des électorats à l’élection municipale de Nanterre par rapport à ceux de la présidentielle de 2012, ce qui n’avait  pas d’autre intérêt que d’évaluer la mobilisation ou la démobilisation relative des électorats de chaque force en présence. Voici ce que ça donne après les Européennes. Après tout, puisque beaucoup de monde parle de séquence ouverte avec la victoire de Hollande à la présidentielle, et qui se terminerait avec les Européennes, ce calcul n’est pas plus stupide que d’autres. Pour rendre le jeu plus amusant, j’ai fait un classement en fonction du rapport nombre d’électeurs aux européennes/ nombre d’électeurs  aux présidentielles, à Nanterre :
1.       EELV : 200 % (1699/847)

2.       LO : 130 % (235/180)

3.       Debout la France : 109 % (466/427)

4.       NPA : 78 % (261/334)

5.       FN : 73 % (2578/3546)

6.       MODEM : 65 % (1646/2509) mais c’est boosté parce qu’il y a l’UDI avec lui pour les européennes

7.       UMP : 39 % (2242/5772)

8.       Front de gauche : 35 % (2154/6168)

9.       PS : 20% (2605/13340)

Moins on a eu de voix à une élection, plus, avec ce classement, on a de chance d’être parmi les premiers la prochaine fois, comme le montre l’exemple remarquable d’EELV. Et inversement, comme le montre la dernière place du PS….
Sur ce, bonnes vacances à ceux qui le peuvent, on a grand besoin de se refaire des forces, et pas seulement pour les prochaines élections !

 

 

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